• J’ai 31 ans.

    Depuis mon plus jeune âge, je m’intéresse à la politique. J’ai toujours été sensible aux valeurs d’égalité, de justice sociale et à celle encore neuve d’écologie.

    Dès lors, je me suis identifié spontanément à la gauche altermondialiste. Je me suis forgé ma culture politique à travers son prisme antilibéral et écologiste.

     En 2005, je me suis mobilisé fortement contre le TCE. L’enjeu symbolique était alors très fort car on demandait aux peuples de valider leur  dessaisissement complet de souveraineté. La campagne autour de ce référendum a mis en évidence la nature technocratique de la construction européenne où quand on consulte les peuples, c’est pour les sommer d’acquiescer. Elle a aussi éclairé à la fois la convergence ultime entre les partis de gouvernement sensés incarner l’alternance et leur complicité responsable dans ce vaste dessein néolibéral de neutralisation de la volonté populaire.

     La ratification par le Congrès du traité de Lisbonne, bafouant le résultat même du référendum, a signé la faillite de notre système républicain et validé magistralement le discours d’alerte démocratique des opposants au Traité sur le niveau de soumission de nos responsables politiques aux lobbies financiers.

     Depuis 2005, il m’est donc apparu  clairement que la première urgence politique est de rétablir l’essence même de la République, le respect de l’expression souveraine du Peuple, qui est morte avec ce vote du Congrès. Et que ce rétablissement de la démocratie ne pourrait se faire qu’en mettant conjointement à la porte du pouvoir UMP et PS, ceux-ci ne formant plus qu’un seul et même parti, celui du système néolibéral autoritaire et absurde.

     Je ne pense pas être le seul à avoir ressenti cette claque parlementaire comme une rupture définitive et  un appel à la rébellion. Je pense que ce référendum bafoué de 2005 reste la toile de fond de la défiance politique actuelle.

     C’est lors de cette mobilisation pour le Non au TCE que j’ai découvert Jean-Luc Mélenchon d’un côté, Nicolas Dupont-Aignan de l’autre.

     J’ai apprécié le socialiste au verbe haut qui manifestait-là sa rectitude et son absence de carriérisme, une attitude bien peu commune parmi ses confrères de parti.

    Quant à Dupont-Aignan, j’avoue sans problème que j’ai été surpris d’entendre une voix dissonante et de reconnaître une conscience sincèrement républicaine à l’UMP, que je perçois toujours comme étant un parti de cyniques acquis au pouvoir de l’argent.

     J’ai donc ensuite gardé une attention bienveillante à l’évolution de ces deux personnalités.

     En 2011, j’ai adhéré au Parti de Gauche pour soutenir la candidature alors probable de JL Mélenchon à la présidentielle.

     Je me suis trouvé alors complètement en phase avec sa ligne d’attaque du système politico-médiatique, dont la connivence d’intérêts a été flagrante en 2005. J’ai goûté particulièrement la sortie de son livre « Qu’ils s’en aillent tous ! » et espéré que ce slogan reste au cœur de sa campagne. C’était reprendre le fil inabouti mais prometteur de la victoire populaire au référendum. C’était aussi occuper le champ laissé libre au FN et le meilleur moyen de lui faire concurrence. Peu importe les caricatures dérisoires de Plantu…

     J’ai regretté que ce message, touchant à coup sûr les classes populaires au premier rang du Non au TCE, se dilue ensuite et qu’il finisse par être éclipsé par cette fabrication maladroite d’un duel aux accents surannés contre Marine Le Pen.

     J’ai constaté que Nicolas Dupont-Aignan, sans parvenir au même succès médiatique que Mélenchon, s’est lui aussi inscrit dans la continuité de son combat de 2005. Il a dénoncé le rôle des journalistes en vue dans le verrouillage idéologique en faveur du libéralisme.

     A l’heure du premier tour, je suis finalement resté sur mon choix de voter Mélenchon. En raison de son plus fort engagement sur la question écologique, thème majeur pour l’avenir, et aussi pour donner un maximum de poids à celui le plus visible pour porter le combat « anti-système » pour une refondation démocratique.

     Cependant, déjà je percevais les limites du personnage et derrière lui du Front de Gauche tout entier, dont la stratégie de « gauche maximale » et la posture grossièrement antifasciste vis-à-vis du Front National sont en décalage avec l’opinion des classes populaires, et même creusent le fossé vis-à-vis de celles-ci insidieusement méprisées.

     Le Front de Gauche se trouve dans une impasse électorale, dans l’incapacité patente de réviser sa stratégie pour l’adapter à l’état de l’opinion, et donc voué à ne rassembler que la gauche radicale et non une majorité du Peuple.

     Les citoyens français dans leur majorité ne rentrent plus aujourd’hui dans les cases du 20ème siècle correspondant à la droite et à la gauche et sont de plus en plus désorientés dans le jeu des partis qui eux, à l’exception du Front National, continuent de jouer sur les mêmes clivages.

     Notre peuple est à la fois opposé au libéralisme, bien identifié comme responsable de la crise économique qui mine notre pays depuis des décennies maintenant. Il est inquiet et révolté par la montée des inégalités sociales et est clairement demandeur de plus de justice sociale. En cela, il est potentiellement ouvert aux idées venant de gauche.

     Il est aussi inquiet de la fragilisation du corps social, à travers la détérioration manifeste du civisme, de la montée des atteintes aux personnes. Il est très préoccupé de la situation tendue des banlieues et attend sur la violence systémique qui s’y développe non seulement des mesures de long terme mais une fermeté immédiate qui rappelle la loi. Il est demandeur d’affirmation des valeurs républicaines et culturelles qui réaffirment le modèle français d’assimilation et améliorent la cohésion nationale.

    En cela, il est clairement réceptif aux discours venant de droite.

     Le rassemblement de notre peuple pour rétablir la démocratie ne peut donc s’opérer que sur une synthèse qui dépasse le vieux schéma droite/gauche. C’est selon moi ce qui explique le succès du Front National qui a su faire en toute démagogie sa mutation antilibérale en pompant le discours altermondialiste.

    C’est dans cet esprit de conciliation que  j’ai décidé de voter aux européennes pour Debout la République, conscient qu’il faut faire progresser en visibilité cette droite antilibérale et authentiquement républicaine.

     J’ai fait aussi ce choix, loin d’être évident pour un militant qui s’identifie à gauche, en me souvenant de la démarche volontariste de Dupont-Aignan pendant la présidentielle appelant les différentes formations antilibérales à travailler ensemble pour défaire le système oligarchique.

     Je ne pense pas que le FN ait aujourd’hui donné la preuve de son attachement authentique à la cohésion nationale et à la démocratie républicaine. Je ne pense donc pas que malgré son succès éclatant, il faille chercher à l’associer à une quelconque démarche de rassemblement.

     Il s’agit plutôt de construire une alternative souverainiste au Front National qui soit authentiquement républicaine. Seule une alternative faisant cette synthèse à l’image du peuple d’aujourd’hui a une chance de concurrencer la large audience du FN.

    J’invite donc les camarades du Front de Gauche qui s’interrogent à l’issue de cette cuisante déception électorale à une réelle remise en cause stratégique et à plus d’ouverture républicaine.

     J’invite également Nicolas Dupont-Aignan et les militants gaullistes de Debout la République à renouveler avec plus de vigueur la politique de la main tendue et à créer les conditions concrètes d’un rassemblement des bonnes volontés pour refonder notre République malade de l’UMPS. Pourquoi pas en initiant la mise en place d’une association d’ouverture.

     J’invite bien évidemment tous ceux partageant l’esprit de ce texte à manifester leur soutien et à le relayer.

     


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  • JP Raffarin était l'animateur d'un microparti intitulé "Démocratie libérale".

    Hors "démocratie libérale" est un contre-sens.  Le libre-échange, auquel le mot libéral sert de cache-sexe, est en réalité antagoniste de la démocratie.

     

    La Démocratie se définit comme l'organisation du peuple par lui-même pour progresser toujours plus vers l'Intérêt Général, en édictant pour celà des lois qui réglementent les relations et techniques de production avec des visées éminemment qualitatives.

     

    Le libre-échange prend justement le contre-pied de cet édifice de définition de l'Intérêt Général en imposant de facto la loi d'airain du moins-disant social et environnemental.

     

    Il n'y a donc pas à tergiverser et à admettre qu'il existe des démocrates-libéraux, ce à quoi prétendent pourtant les centristes, qui au-delà du simple centre regroupent en fait tous les partis de gouvernement européen actuels.

    Ces gens ont trahi nos peuples en vidant nos démocraties de leur substance première, à savoir la souveraineté économique.

     


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